Etape 4 La citadelle de Masyaf et le château de Marqab.

Publié le par Hugues de Saint Martin

Jeudi 1er mai.

Aujourd'hui une dure journée m'attend, je n'imagine pas encore à quel point elle le sera.

Pour commencer, ma première expérience réelle en microbus, mais c'est quoi un microbus ?

C'est ça, les deux petit bus sur la droite, et bien on monte quand même à 18 la dedans.
Evidemment on est un peu serré, mais l'ambiance est extraordinaire, imaginez un peu que tous les gens se parlent comme s'ils se connaissaient !
Faites la même chose avec votre voisin dans les transports en commun en France, il va vite vous prendre pour un fou ou un enquiquineur.
Encore mieux, les passagers , surtout ceux au fond du bus, font passer un billet de banque de main en main jusqu'au chauffeur, et la monnaie leur revient de la même manière.
Petite précision à propos des microbus, ils n'ont pas d'horaires de départ, on part qu'en le bus est plein, mais ça va très vite.
Le microbus va partout, et il s'arrête partout dés lors qu'on demande au chauffeur de s'arrêter. C'est un excellent moyen de locomotion à un prix défiant toute concurrence.

J'ai demandé au patron de l'hotel si il était possible de visiter la citadelle de Masyaf et le château de Marqab dans la même journée. D'après lui non, mais je vais quand même essayer.
Je prends donc un microbus pour me rendre à la citadelle de Masyaf, le fief des Ismaéliens en Syrie, plus connu sous le nom de "secte des assassins" pour en savoir plus: http://fr.wikipedia.org/wiki/Nizârites

Le château de Masyaf.



Pour la visite du château, je vous mets les photos un peu en vrac parceque je n'ai pas d'info contrairement au Krak des Chevaliers.
J'espère néanmoins que vous pourrez vous faire une bonne idée de ce que fût cette forteresse.

Petite dédicace à mon ami Thibault, ces photos sont en grande partie pour lui.

Allez hop c'est parti.












































































































































                                     














































































Masyaf vue depuis la citadelle ...
























... et de bien plus bas dans la rue.
























voilà, c'est à partir de ce petit "resto" que la journée va commencer à devenir dure. Oh, bien sûr au début rien de bien grave, mais plus tard dans la soirée aïe aïe aïe.
Enfin bref, je me suis arrêté pour manger, au moment de partir, je règle mon addition, et le patron me demande d'où je viens. Je lui réponds "que je suis Français" ( ana fransawi), et il me propose un café que j'accepte bien volontier.
Punaise il est fort leur café, et avec la cardamome c'est un peu particulier, bon, mais particulier. Evidemment je lui demande combien coûte le café, rien me répond t-il, c'est cadeau de la maison. Si c'est pas de l'accueil ça ?

Retour à la gare routière, et microbus pour le château de Marqab.

Durant le trajet, un papy trés sympathique essaie de discuter avec moi, en mélangeant l'anglais (un peu) et l'arabe (beaucoup).
J'arrive à comprendre qu'il est chrétien, qu'il y a apparement beaucoup de chrétiens dans le coin, et qu'il m'invite chez lui pour prendre le thé. Il me demande aussi si je crois en Dieu ? Aïe, je lui réponds que j'essaie d'abord de croire en l'homme avant de croire en Dieu. Pas sûr qu'il est bien compris ce que je voulais dire.

Nous descendons du microbus dans un petit village et faisons quelques dizaines de mètres à pied. Comme je lui explique que je voudrais me rendre au château de Marqab ensuite, il me conduit à la gare routière en m'expliquant que c'est le dernier micobus pour aller à Banyas, et que de là j'en trouverai facilement un autre pour aller au château de Marqab.
Je le quitte sur une bonne poignée de main et un grand sourire, avec la déception de ne pas avoir pu savourer un thé en sa compagnie.

Petites anecdotes:
- Dans le microbus (plein à craquer) qui m'emméne vers Banyas, je surprends la jeune fille assise sur la banquette devant moi, à me regarder par l'intermédiaire du rétroviseur intérieur (par curiosité ?). Comme un jeu, je guette son regard et lui réponds par un sourire. Manque de chance, le chauffeur se rend compte de tout et derègle son rétro.
La personne à côté de moi engage la conversation, je lui réponds " je suis désolé, je ne parle pas l'arabe " (ana asif, laatkallem al arabi).
A partir de ce moment, il s'est lancé dans une sorte de monologue qui faisait rire tout le microbus, je sentais bien qu'il parlait de moi, mais en même temps j'avais la conviction que ce n'était pas méchant. D'ailleurs à sa façon de me saluer quand il nous à quitté, j'ai bien vu qu'il y avait plus d'humour qu'autre chose dans le ton et les gestes, j'ai d'ailleurs moi aussi bien rigolé.

Le château de Marqab.


Première vision en arrivant, les remparts est sont vraiment très impréssionnants, peut être même plus que le Krak des Chevaliers.
Bâti sur un ancien volcan dont ses pierres sont issues, il est aussi noir que le krak est blanc.
De là-haut, une superbe vue sur la vallée, la méditerrannée et ... le complexe industriel de Banyas.

En 1062 un seigneur musulman local édifie le premier château.

Il est d'abord pris en 1104 par les Byzantins.

Puis en  1109,Tancréde de Hauteville l'enlève à son tour.

Il tombera ensuite entre les mains de la famille Masoier qui le gardera jusqu'en 1185. Mais une telle forteresse coûte terriblement cher, et la famille Masoier s'en sépare en 1188 en la vendant aux Hospitaliers.
Ces derniers en feront leur quartier général en Syrie.
Saladin tente de l'assiéger, puis renonce, pensant la forteresse imprenable. Le  château de Marqab sera d'ailleurs un des rares territoires restant sous le contrôle des Croisés après les conquêtes de Saladin.

En 1205, le sultan D'Alep, Malik Zahir Gazi envoie une armée qui détruit les tours d'enceinte de Margab mais il se retire quand son général est tué d'une flèche.

Au début du XIIIe siècle, Margab, est à l'apogée de sa puissance militaire. Les Hospitaliers ont une garnison de mille personnes et des vivres pour cinq années.

En 1269 et 1270, Margab repousse les assauts du sultan Baybars.

En 1281, Margab est assiégé par une armée de 7000 hommes. Les Hospitaliers ne sont que 220 chevaliers et 200 fantassins. Après une sortie dans laquelle ils ne perdent qu'un seul chevalier et 12 sergents, ils mettent les musulmans en fuite.

En avril 1285, presque un siècle après la tentative de Saladin, le sultan Qalaoun  prend la forteresse après un travail de sape qui a fait s’effondrer un partie des remparts. Les Mamelouks laissent les Hospitaliers partir en emportant tout ce qu’ils pouvaient.

 



La tour porte, l'entrée quoi ;o))



















































Remarquez la feuillure où coulissait la herse, et l'épaisseur du mur.

































Détail de la feuillure.
































Un des deux fours à pains.


































Une des grandes salles avec un puit, les citernes sont toujours remplies d'eau.






















Le château est un vrai labyrinthe où l'on se perd aisement, avec ses passages étroits et  ses salles sur plusieurs niveaux.
































La chapelle vue de l'exterieur ...

























;;;Et de l'intérieur, construite par les Hospitaliers à la fin du XIIe siècle.

































Un restant de fresque dans la chapelle. Aller à la messe avec une deco pareil devait être un vrai plaisir brrrr...





















Dans la sacristie d'autres fresques bien plus sympathiques représentant les douze apôtres.























































Paysage depuis l'ancien village au nord du plateau.























Les remparts ouest.



















































La tour sud.
























Me voilà sur le chemin du retour vers Tartous, sauf qu'il n'y pas de bus au départ du château, il faut en arreter un sur la route.
Pas grave, Banyas n'est qu'à 6 kilomètres à pieds, facile (ben voyons).
Au bout de 1 ou 2 kilomètres je tente le stop, et puis mon estomac commence à gargouiller bizzarement, mais rien de bien inquiétant.
J'ai été pris dès la première voiture, incroyable, ça ne m'est jamais arrivé en France.
Mon chauffeur me dépose à Banyas sur la route pour Tartous, je n'ai plus qu'à attendre qu'un bus passe. En attendant je remarque une enseigne pour une salle de gym.

Vous l'avez reconnu ?

Mais si voyons, regardez bien. C'est Schwartzeneger !!
Marrant non!

Sous l'enseigne, un groupe de personnes prenait le café tranquillement, étant de l'autre côté de la route, au début ils ont cru que c'était eux que je voulais prendre en photo et m'ont exprimé leur désaccord.
Après leur avoir exliqué que je prenais l'enseigne en photo, ils ont rigolé et m'ont invité à prendre le café avec eux.
Mais j'ai dû les quitter rapidement, mon bus arrivait.

Je passe le reste de la journée à me promener dans la ville de Tartous, qui ne présente vraiment aucun intêret, un peu partout des immeubles en chantier dont on ne sait pas si ils sont en construction ou en démolition, même le bord de mer est triste.

Le soir venu, les bars et restaurants du bord de mer s'animent, ambiance trés occidentalisée pour beaucoup, très peu de femmes porte le voile, et dans certains bars on les voit même en groupe fumer le narguileh, activité "en principe" réservée aux hommes.

Je rentre à l'hotel pour me reposer un peu, demain départ pour Lattaquié normalement, je dis bien normalement parceque je sens depuis le début de l'aprés midi que mes intestins ne fonctionnent pas normalement. Saint Immossel priez pour moi.
Et effectivement, vers 23 h c'est le début des hostilités, je vous passe les détails, ceux qui ont déjà eu une grosse tourista comprendront, aux autres je laisse le soin d'imaginer.

Vendredi 2 mai.

Je voulais filer sur Lattaquié, mais je vais rester une journée de plus à Tartous histoire de me refaire une petite santé.
Aujourd'hui c'est jour de prière, et les rues d'habitude débordantes d'activité sont désespérement vides.
Je me suis trainé dans un état pas possible, en fin de matinée retour à l'hotel pour un petit somme, je suis vraiment fatigué.
13 h, je ressors prendre un peu l'air, et essayer de manger un peu.
Je vais jusqu'au bord de la mer en espérant que l'air marin me fasse un peu de bien, et puis en fin de compte j'ai pas faim.

Vers 20h30 mon estomac se manifeste, ce qui est plutôt bon signe, sauf que j'ai vraiment du mal à avaler quelque chose de solide.

Retour à l'hotel pour une bonne nuit de sommeil, on verra demain.
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